Quelle qualité de l’air extérieur en Bourgogne-Franche-Comté ?
Des émissions de polluants en baisse
Les émissions de dioxyde de soufre, issues majoritairement de l’industrie, poursuivent leur baisse entre 2008 et 2020 (division par 5). Il en est de même pour celles d’oxydes d’azote, qui proviennent aux 2/3 des transports routiers et ont été divisées par 1,7 sur la période, suite aux efforts faits sur les motorisations.
Les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) proviennent principalement de deux secteurs d’activités : l’industrie manufacturière, en lien avec l’utilisation de solvants ou certains procédés (raffinage du pétrole, production de boissons alcoolisées, de pain...), et le secteur résidentiel en raison de la combustion de bois. Les émissions de COVNM ont été divisées par 1,5 entre 2008 et 2020.
L’ammoniac (NH3) est avant tout un polluant agricole, lié aux activités d’élevage (formation à partir de l’urine et de la fermentation de la matière organique), et émis lors de l’épandage des lisiers, mais aussi des engrais ammoniaqués. L’ammoniac peut également avoir une origine industrielle ou provenir du traitement des déchets (fermentation des boues de stations d’épuration). Les émissions d’ammoniac n’ont que peu diminué entre 2008 et 2020 (-8 %).
Parmi les particules en suspension, les particules très fines (PM2,5), d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, sont les plus dangereuses pour la santé, car capables de pénétrer profondément dans l’organisme. Elles sont émises, pour près de la moitié, par les petites installations de combustion de bois chez les particuliers. Viennent ensuite les émissions du transport routier, de l’agriculture et de l’industrie. Avec les efforts combinés de dépollution des motorisations des véhicules routiers et de l’amélioration du parc d’installations de chauffage, ces émissions tendent à diminuer (-32 % entre 2008 et 2020). Toutefois, ces résultats ne tiennent pas compte des particules secondaires, qui résultent de la conversion en particules de polluants gazeux présents dans l’atmosphère (oxydes d’azote, dioxyde de soufre, ammoniac, composés organiques volatils…), suite à des réactions physico-chimiques.
Particules fines : Des valeurs qui dépassent les recommandations de l’OMS
Les concentrations de particules fines mesurées sont en dessous des valeurs limites réglementaires européennes. Elles ne sont toutefois pas toujours inférieures aux valeurs cibles recommandées, depuis septembre 2021, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour les particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5), ces valeurs cibles sont régulièrement dépassées. Ces dépassements sont plus fréquents au niveau des zones les plus densément peuplées (où les sources d’émissions sont les plus abondantes) ou au niveau des sites où ces poussières auront tendance à s’accumuler (fonds de vallées, zones encaissées ou à topographie complexe ; c’est le cas de l’aire urbaine Belfort-Montbéliard).
Avec l’abaissement de l’objectif de qualité recommandé par l’OMS à cinq microgrammes par mètre cube en 2021, la quasi-totalité du territoire régional se situe au-delà de cette recommandation.
Le SRADDET a défini des objectifs en matière de qualité de l’air pour la Bourgogne-Franche-Comté à l’horizon 2050. Il s’est appuyé, pour cela, sur le Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (décret PREPA du 10 mai 2017) qui fixe des objectifs ambitieux de réduction à l’horizon 2030 pour le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote, les composés organiques volatils non méthaniques, l’ammoniac et les particules PM2,5. Au-delà de 2030, les objectifs visés par le SRADDET ont pour ambition d’amener la qualité de l’air à un niveau répondant à l’ensemble des objectifs de qualité de l’OMS.
L’ozone : une pollution de fond en augmentation
Même inférieure aux valeurs limites réglementaires, une pollution de fond présente des impacts sanitaires à plus long terme en agissant par effet cumulatif. Cet effet est, au final, plus impactant que les pics de pollution selon les études de l’Institut national de veille sanitaire (INVS). C’est notamment le cas pour l’ozone, polluant secondaire qui se forme sous l’action des rayons du soleil : alors que les pics de pollution, sont en diminution, les niveaux de fond sont en augmentation, accentués par le réchauffement climatique.
De ce fait, ce polluant présente de nouveau un réel enjeu sanitaire. La valeur cible de l’Union Européenne pour la protection de la population se base sur le maximum journalier de la concentration d’ozone en moyenne sur huit heures qui ne doit pas dépasser 120 μg/m3 plus de 25 jours par an. Il est à noter que cette valeur cible a régulièrement été dépassée ces dernières années dans la région Bourgogne-Franche-Comté, principalement dans les secteurs qui concentrent, à la fois, les plus fortes émissions de polluants primaires, précurseurs de l’ozone, et les températures les plus élevées.
Ce constat a notamment été relevé en 2020, avec des dépassements de la valeur cible européenne dans la vallée du Doubs, le val de Saône et sur l’axe Mâcon-Chalon-Dijon.
L’ozone a également un impact sur la végétation (espaces naturels, cultures et forêts). Cela se traduit par une dégradation des végétaux, une baisse de productivité et une altération du potentiel de stockage de carbone des forêts.
L’Union Européenne a défini un indicateur de surcharge pour la protection de la végétation : l’AOT40. La valeur cible européenne pour la protection de la végétation est de 18 000 (μg/m3).h. en moyenne sur cinq ans. Cette valeur est atteinte en Bourgogne-Franche-Comté sur une large portion du territoire. Toutefois, l’objectif de qualité à long terme est de 6 000 (μg/m3).h.
Date de modification : 13 décembre 2023